Tisserand de la compréhension du devenir
Conférencier, expert et auteur

L'échec de la Modernité

"Libérer l'homme", leitmotiv de la Modernité, a démontré ses limites : la plupart des hommes ne veulent pas de cette liberté qui d'ailleurs ne peut être qu'intérieure. Le schéma universel de l'action (décider, diriger, contrôler) est désormais "noétique-politique-économique", au-delà de Montesquieu ...

 

Le leitmotiv de la Modernité a été : libérer l'homme. La Renaissance tenta de le libérer du pouvoir ecclésiastique, les Lumières, du pouvoir despotique, et les Socialismes du pouvoir économique. Ensemble, il s'agissait de briser la structure fondamentale sociétale des trois pouvoirs noétique, politique et économique.

 

En cette fin de Modernité, deux constats s'imposent :

- primo, les trois pouvoirs sont toujours là (et ils le seront toujours puisqu'ils forment le moteur primordial et intrinsèque de toute évolution sociétale),

- et secundo, ces trois pouvoirs se sont avilis et corrompus car la seule "victoire" de la Modernité a été la démocratisation c'est-à-dire la massification et la médiocrisation de tout.

Il reste à restaurer les trois pouvoirs mais en les ennoblissant et en comprenant qu'aucun des trois ne peut être sous la coupe des deux autres, ni aucun des trois, devenir prépondérant.

Montesquieu avait bien vu la nécessité du principe d'égalité des trois pouvoirs. Il s'est seulement trompé de pouvoirs. Au ternaire "législatif-exécutif-judiciaire", il faut à présent substituer le ternaire "noétique-politique-économique". Le triangle de Montesquieu se retrouvera, d'ailleurs, à l'intérieur de chacun des pouvoirs du nouveau ternaire puisqu'il revient au schéma universel de l'action : décider, diriger, contrôler.

En bout de course, encore plus profondément, l'échec global monstrueux de la Modernité qui cherchait, rappelons-le, à libérer l'homme, nous enseigne deux choses :

- primo, les masses haïssent la liberté car ils ne savent qu'en faire (elles ne la réclament d'ailleurs jamais, ce sont des intellectuels frustrés qui la réclament pour elles et qui fomentent des "révolutions" pour devenir leur nouveau tyran) ; tout ce que demandent les masses est panem et circenses ;

- et secundo, la liberté est un programme fallacieux car quiconque veut réellement être libre, l'est totalement à l'intérieur de soi.

Après avoir chercher la sagesse (grecque), l'ordre (romain), le divin (gotique), le salut (féodal) et la liberté (moderne), il est temps de revenir sur Terre, dans le quotidien, et de chercher, tout simplement, la joie de vivre (par soi, pour soi, en soi) !

Marc Halévy, 28 août 2010.