Tisserand de la compréhension du devenir
Conférencier, expert et auteur

Complotisme et victimisation

Nous sommes entrés dans l'ère de la paranoïa urbaine.

Les théories du complot qui font florès, aujourd'hui, sur les réseaux sociaux, expriment l'existence, voire le développement d'une paranoïa collective (complexe de persécution et perte de réalité).

Un complotiste, par complexe d'infériorité, compense en se présentant comme sur-intelligent, ayant compris ce que tous les autres n'ont pas vu. Il est inutile d'essayer de lui prouver qu'il a tort car cette preuve elle-même fait partie du complot. Il y a auto-référence.

Plus généralement, les théories du complot forment une part des délires de victimisation (une catégorie de gens est désignée comme la victime d'une oppression orchestrée par une autre catégorie … qui, en général, s'en fiche complétement). Ces délires de victimisation prennent de plus en plus de place dans nos sociétés psychotiques et favorisent toutes les mouvances "retro" (rétro-féminisme qui promeut la conspuation du mâle, rétro-sexualisme qui promeut la conspuation de l'hétérosexuel, rétro-racisme qui promeut la conspuation du "blanc", rétro-sionisme qui promeut la conspuation du Juif au travers de l'Etat d'Israël, etc.).

Tous ces constats tendent à démontrer une chose simple ; il existe dans nos sociétés urbaines de plus en plus de groupes ou d'individus qui, plutôt que se prendre en main et construire leur vie, rendent "l'Autre" responsable de leur échec existentiel.

Ainsi, des mouvances nauséabondes comme "les indigènes de la République", rendent les "blancs" ("forcément" racistes et colonialistes) responsables de l'incapacité d'une catégorie d'immigrés africains (et de leurs descendants) de sortir de l'assistanat public, de se scolariser, de renoncer aux trafics divers, de respecter les élémentaires règles de vie de la société française. Au contraire de beaucoup d'autres communautés ou personnes qui ont fait l'effort qu'il fallait "pour s'en sortir", ceux-là ne veulent faire aucun effort, trouvent normal de vivre au crochet de la société en parasites (encouragés en cela par les socialo-gauchistes dont l'assistanat et le clientélisme sont le fonds de commerce) et rendent "l'Autre" responsable de leur propre paresse.

Le fond de la question est très simple : face à un problème existentiel, quel qu'il soit, il y a deux voies qui s'ouvrent : ou bien on trouve la solution à l'intérieur de soi (c'est la voie du courage, de la volonté et de l'effort), ou bien l'on attend la solution de l'extérieur de soi (c'est la voie de la dépendance, de la victimisation et de la paranoïa).

En bref : il y a ceux qui s'assument et il y a ceux qui ne s'assument pas (et qui en rendent un "Autre" responsable, jusqu'à cultiver la haine et la violence).

Ceux qui ne s'assument pas, sont, de plus, totalement imperméables à toute forme de raisonnement ou d'argumentation rationnels ; tout leur donne raison puisque tout ce qui leur arrive (y compris vos arguments) ne vise qu'à renforcer leur victimisation ; tout ce qui ne va pas dans leur sens, est "évidemment" le fait d'un ennemi qui ne veut que les enfoncer plus encore. Le cercle est totalement vicieux et vicié.

Pourquoi donc y a-t-il de plus en plus de gens (surtout dans les grandes villes) qui refusent de s'assumer et d'activer leur force intérieure, et qui préfèrent s'enfermer dans une posture de parasite ou de victime (deux concepts presque synonymes) ?

Je pense que la réponse est terriblement simple : le mode de vie urbain moderne est tellement artificiel tellement détaché du réel, tellement "hors sol" qu'il n'y existe plus aucun repère de réalité. Ce déni de réalité est lié au fait que dans l'univers concentrationnaire urbain, il n'y a plus rien d'autres que des humains et des artefacts ; l'homme y est devenu la seule mesure de toute chose ; plus rien de non humain ne vient montrer à l'humain qu'il est totalement à côté de la plaque, c'est-à-dire de la Vie et du Réel.

Le Réel en étant évacué, il ne reste plus là que l'imaginaire donc le phantasme, la croyance, l'opinion, la rumeur, la légende, la falsification, la manipulation, …

Il est alors facile et confortable de se poser en victime de complots ou de "systèmes" causes de tous les échecs existentiels qui, logiquement, parce que hors de la Vie réelle, ne font que s'amplifier, ce qui renforce la croyance paranoïde.

Marc HALEVY 8/11/2018