Tisserand de la compréhension du devenir
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Historicisme

Des rapports entre l'histoire humaine et les personnes humaines …

L'historicisme est une doctrine générale qui ne dit rien d'autre, ni rien de plus que ceci : l'humanité est un processus constructif, accumulatif et cyclique ayant, comme tout processus, une logicité propre (liée aux caractéristiques et facultés particulières de son esprit), mais ne pouvant s'accomplir qu'en harmonie avec l'Intentionnalité et la Logicité cosmiques.

 

L'humanité évolue et s'accomplit par essais et erreurs, au sein d'un milieu où elle puise toutes ses ressources vitales, milieu qui, lui aussi, est un processus naturel ayant sa logicité particulière qu'elle doit respecter pour survivre (c'est cela l'écologie).

 

Il est patent que la doctrine historiciste exaspère tous les idéologues quel que soit leur bord, du fait du principe même de constructivité expérientielle.

Celle-ci heurte de plein fouet la doctrine idéologiste croyant pouvoir déterminer, une fois pour toute, ce que devra être l'humanité accomplie et idéale.

 

Le problème de fond est que l'historicisme s'oppose à toute forme d'anthropocentrisme et ravale l'humanité à n'être qu'un processus complexe comme tous les autres. Elle est en concurrence ou en connivence avec d'autres processus naturels qui valent autant qu'elle, et dont certains lui sont indispensables (alors qu'elle n'est indispensable à rien). Elle est de plus englobée dans des processus plus vaste qui y induisent des champs de force incontournables.

 

Au fond, le débat est celui-ci : sont-ce les humains qui font l'histoire de l'humanité ou est-ce l'histoire de l'humanité qui forge les humains ?

L'historicisme affirme le prééminence de l'histoire sur les individus alors que l'idéologisme prétend le contraire.

Mais prééminence n'est pas dominance absolue.

Il existe, à la marge, entre chaque époque et ses génies, une dialectique qui, parfois, injecte, dans le processus humain global, des germes nouveaux qui peuvent, par "effet papillon", induire des bifurcations parfois importantes. Mais ne nous leurrons pas, cependant : les masses humaines suivent l'histoire et ne la façonnent en rien.

 

Au contraire du marxisme qui n'est qu'idéologie primaire, l'hégélianisme est un historicisme contre lequel bien des penseurs du 20ème siècle (le grand siècle de l'idéologisme et de la négation nihiliste de l'histoire) s'insurgeront.

A contre-courant, Raymond Aron, dans son "Introduction à la philosophie de l'histoire" participera de cette veine historiciste.

 

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