Tisserand de la compréhension du devenir
Conférencier, expert et auteur

La crise économique qui vient

Le monde d'après … La récession économique qui s'annonce, suite à la pandémie, sera beaucoup plus profonde et longue que celles provoquées par les crises dot.com (2001) et subprimes (2008), pour quatre raisons majeures :
  1. Il s'agit d'une crise de l'économie réelle (qui touche tout le monde) et non de la finance spéculative (qui ne touche que les boursicoteurs).
  2. L'offre a considérablement baissé du fait du non-travail (et d'une vague pernicieuse et durable de fraude sociale), des non-investissements, de la non-productivité, des non-approvisionnements, des non-distributions, … avec les difficultés de trésorerie et les faillites que cela induit. La conséquence à moyen-terme en sera une énorme vague de robotisation et d'algorithmisation des productions, et un déplacement notoire du centre de gravité de toutes les activités spécifiquement humaines.
  3. La demande a considérablement baissé du fait de nouvelles habitudes de vie et de consommation, d'une nouvelle propension à épargner, d'une montée d'une forme de frugalité, ….
  4. La structure sectorielle est durablement transformée avec l'affaissement de l'automobile, des transports notamment aériens, des biens d'équipement, de la grande distribution, de l'aéronautique, du tourisme lointain, de la restauration, de l'immobilier commercial, …

 

A mes yeux, tout cela ne sont que des bonnes nouvelles qui marquent, espérons-le, la sortie définitive du paradigme d'avant, celui de l'hyper-industrialisation, de l'hyper-consommation, de l'hyper-financiarisation, de l'hyper-gaspillage et de l'hypo-écologisme.

 

De tout cela, il résultera une économie globale anémique en 2021 et en 2022, et une redistribution géopolitique à l'échelle mondiale : l'effondrement (dénié) des USA et de ses affidés, la fuite en avant (agressive) de la Chine et de ses satellites, la déliquescence (masquée) de l'Amérique latine et de l'Afrique, la dégénérescence (arrogante) des pays islamiques (la demande en pétrole s'est effondrée), l'atrophie (névrotique) de l'Inde …

Quant à l'Europe, si elle ne devient pas très rapidement une Fédération forte et intégrée sous la forme d'un réseau de régions autonomes, au-delà de ces archaïsmes que sont les nationalismes et les souverainismes nationaux, elle s'émiettera et deviendra la proie offerte aux morbides appétits chinois et américains.

 

En situation de récession économique (ce qui sera notre réalité pour très longtemps sinon toujours !), ce qui tue les entreprises, ce sont les coûts fixes, en général, et les coûts salariaux, en particuliers. Cela impliquera :

  • Une robotisation et une algorithmisation très intensives de tout ce qui pourra l'être (et c'est beaucoup) … et donc une intensification des activités numériques non ludiques (adieu les GAFA) et des activités de financement de ces numérisations.
  • Et pour les activités spécifiquement humaines (non robotisables et non algorithmisables), la quasi disparition des contrats d'emploi salarié (donc du salariat) avec le développement concomitant de la reprise en main, autonome et responsable, par chacun, de son propre emploi, soit à titre d'associé d'entreprise, soit à titre d'indépendant, soit, le plus souvent, à titre d'un mélange évolutif des deux à la fois.

 

Marc Halévy

Physicien, philosophe et prospectiviste

Le 07/06/2020