Tisserand de la compréhension du devenir
Conférencier, expert et auteur

La Mort. Le Drame. La Tragédie.

Apprendre à réussir sa mort ; l'éternité est trop ennuyeuse.

Le drame implique la souffrance et souffre à souffrir sa propre guérison.

La tragédie éradique l'espérance et affirme l'inéluctabilité d'une fin.

Le fait que l'existence soit évidemment et définitivement tragique du fait de ce point final qu'est la mort de tout ce qui vit, n'implique nullement, bien au contraire, que la vie soit ou doive être dramatique.

La dramatisation de la vie, comme la souffrance qui en est le matériau, sont de pures constructions mentales sans le moindre intérêt : elles relèvent de la masturbation morbide très en vogue chez les adolescents (surtout attardés) et les esprits faibles.

 

L'aspect tragique de la vie, du fait de l'inéluctabilité de sa fin, est autrement plus stimulante puisqu'en filigrane, cet aspect tragique disparaitrait immédiatement dès lors qu'un quelconque démiurge décrèterait l'immortalité pour tous ou pour certains.

Imaginons ..

Tous les humains deviendraient immortels ! La situation deviendrait rapidement intenable :

 

  1. tout le monde deviendrait amorphe, rongé par l'ennui du "déjà fait" ou du "encore à refaire" (il n'y a plus d'échec puisque tout pourrait être recommencé une infinité de fois),
  2. que diraient les personnes qui souffrent douloureusement de vieillesse ou de maladie et qui devraient porter leurs douleurs pour toute l'éternité ?
  3. notre petite planète serait très vite plus que surpeuplée du fait des proliférations d'humains éternels ;
  4. et les ressources viendraient très vite à manquer pour satisfaire tous les besoins de ces myriades.

 

Non, franchement, l'éternité, non merci ! La mort de tous et de chacun est une bénédiction, pas une tragédie !

La question, dès lors, est : comment faire de la mort, qui n'est plus une tragédie mais bien une bénédiction pour le genre humain, quelque chose à vivre très positivement par chaque personne.

 

La réponse à cette belle et terrible question, apparaît souvent, tant dans la Bible hébraïque que dans les livres de prières juifs :

 

"Et il mourut âgé, rassasié de jours" (Job:42;17)

 

Cette notion de "rassasiement" est cruciale. Lorsque tout a été construit, lorsque tout a été goûté, lorsque tout a été aimé, lorsque tout a été vécu, lorsque tous les possibles ont été épuisés, … en gros, certes, mais intensément … l'existence ne peut devenir que lassante ; l'humain devient blasé de tout. Il est temps de partir, les yeux et la tête encore étincelants des joies de la vie que plus rien ne pourra plus ni entretenir, ni alimenter.

 

"Tout est consommé" (Jean:19;30)

 

Il n'y a rien de triste, là-dedans. Toute histoire s'achève. Toujours. C'est la seule manière de ne pas la tirer en longueur et de n'en pas dégoûter les autres qui, eux, continueront le chemin encore un peu, avec le souvenir d'un beau départ. Il faut une belle chute pour léguer l'envie, aux autres, de construire une autre belle histoire de vie.

Nietzsche y insistait : Il faut vivre chaque instant comme si l'on devait le vivre éternellement dans le cycle de l'éternel retour au même.

Il faut faire de chaque moment de vie, une œuvre d'art la plus parfaite possible.

 

En revanche, ce qui est tragique, c'est lorsque la mort frappe ceux qui ne sont pas encore rassasiés de jour. Cette situation est non seulement tragique, mais dramatique.

Que chacun imagine un de ses propres enfants, en pleine santé, bourré d'espoirs et de dons, être fauché et tué par un ivrogne au volant d'une voiture, ou innocemment abattu, à l'aveugle, par des crapules islamistes ou salafistes.

 

Il faut distinguer clairement les "morts naturelles" (rassasiées de jours) et les morts "violentes" (saccagées d'un jour).

S'éteindre et être éteint !