Tisserand de la compréhension du devenir
Conférencier, expert et auteur

Pensée et éducation

Tout processus gnoséologique s'appuie, à la fois, sur l'art de l'expérimentation et sur l'art de la formulation. Ces deux arts majeurs de la pensée s'appliquent aux deux dimensions de la vie : la Connaissance (science, spiritualité, épistémologie) et la Sagesse (philosophie et éthique). L'apprentissage sérieux appelle, par conséquent, l'effort et la discipline, la rigueur et la persévérance.

L'art de l'expérimentation extérieure et sensorielle (science) ou intérieure et intuitionnelle (spiritualité) de sa relation intime au Réel s'associe étroitement avec l'art de la formulation qui est la maîtrise des langages (logique, mathématique, analogique, symbolique) pour construire la Connaissance. Celle-ci devient, elle-même, objet d'expérimentation et de formulation par l'épistémologie.

La Connaissance, acquise ainsi, induit des comportements volontaires au sein de ces représentations de la vie extérieure et de la vie intérieure, et fonde une Sagesse dont l'expression relève de la philosophie (par le langage) et dont la pratique relève de l'éthique (par l'action).

Ainsi, tout processus gnoséologique s'appuie, à la fois, sur l'art de l'expérimentation et sur l'art de la formulation. Ces deux arts majeurs de la pensée s'appliquent aux deux dimensions de la vie : la Connaissance (science, spiritualité, épistémologie) et la Sagesse (philosophie et éthique).

  • L'art de l'expérimentation est celui de capter les informations pertinentes au moyen de nos multiples sens, c'est la sensibilité : l'art de ressentir, de filtrer, de deviner, etc …
  • L'art de la formulation est celui de structurer les informations pertinentes au moyen de nos multiples langages, c'est l'intelligence : l'art de relier, de comparer, d'organiser, etc …

Au fond, ces deux arts fondamentaux se réduisent à un seul : l'art de connecter, une pensée et le réel, des idées entre elles. L'art du réseau, en somme, de la réticulation. Plus généralement, l'art de la reliance.

Ainsi, l'éducation revient, au fond, à l'apprentissage approfondi et complet de cet art de l'expérimentation par la maîtrise des sens, et de cet art de la formulation par la maîtrise des langages. Elle est l'art de développer toutes les reliances, toutes les intelligences.

Le procès des systèmes éducatifs actuels passe par la reconnaissance d'une hypertrophie stérile des pratiques de l'expérimentation et d'une atrophie catastrophique de la maîtrise des langages. Or, tant la Connaissance que la Sagesse naissent de la dialectique subtile entre ces deux arts. L'un sans l'autre conduit nécessairement à l'impasse : impasse de l'intellectualisme lorsque l'expérience est méprisée, impasse du barbarisme lorsque le langage fait défaut.

La sensibilité s'apprend par le développement des habilités sensitives, c'est-à-dire par l'exercice méthodique, acharné et opiniâtre de toutes les facultés d'aperception, d'intuition et d'imagination.

L'intelligence s'apprend par le développement des habilités langagières, c'est-à-dire par la mémorisation de vocabulaires précis et riches, et par la pratique rigoureuse et disciplinée de règles strictes.

Dans les deux cas, l'apprentissage sérieux appelle l'effort et la discipline, la rigueur et la persévérance ; de ce fait, l'éducation doit être, nécessairement, élitaire (sans être élitiste, c'est-à-dire réservée aux (pseudo)élites passées).

Marc Halévy (février 2010)