Tisserand de la compréhension du devenir
Conférencier, expert et auteur

A propos de la Souffrance

Les religions de la Souffrance face à la spiritualité de la Vie.

Il est navrant de constater que le christianisme et le bouddhisme sont les deux religions qui se sont construites autour du même axe : la Souffrance.

Or, la Souffrance – mais non la douleur physique – est une construction mentale, un fruit de l'imaginaire, un récit que l'on se narre, à l'exact opposé de la Joie

.

La Joie marque l'accomplissement de soi et de l'autour de soi.

La Souffrance marque la désagrégation de soi ou de l'autour de soi.

Mais en réalité, rien ne se désagrège : le monde réel persiste dans une indifférence émotionnelle totale. Ce qui se désagrège, ce n'est pas la réalité du monde, mais la reliance à son propre monde.

 

Ce n'est pas la Souffrance qu'il faut combattre ; c'est le deuil qu'il faut maîtriser.

Le christianisme, comme le bouddhisme mais selon d'autres voies, fait de la Souffrance le fondement de sa vision de l'humain, de la condition humaine, symbolisée par la "passion" de Jésus-le-Christ (le mot passion vient du verbe latin patior qui signifie "souffrir", lui-même venu du grec pathos qui signifie "souffrance"). Et cette "passion" appelle une "compassion". Le bouddhisme n'est, là, plus très loin, lui qui prêche la compassion universelle devant l'universalité de la Souffrance.

 

Non seulement, toute Souffrance est pure construction mentale, mais, à y regarder de plus près, on constate vite que toute Souffrance n'est que le constat passif d'un inaccomplissement, d'un échec (la souffrance du Jésus chrétien sur la croix n'est que le constat de l'inaccomplissement et de l'échec de la divinisation de soi et du monde).

La Souffrance n'est que ce constat d'échec, n'est que cette épreuve d'orgueil.

Le christianisme, comme le bouddhisme et au contraire du judaïsme, est une religion de l'échec.

 

Il est une religion diabolique, donc, puisque le Diable est le symbole de la séparation irréparable entre la condition humaine et l'accomplissement.

Il est une religion satanique puisque Satan (Shathan en hébreu) est le symbole de l'obstacle qui se place entre l'humain et son accomplissement.

 

Mais, c'est précisément parce qu'il existe cette séparation et cet obstacle (dont la Souffrance n'est que le constat triste et passif), que l'accomplissement donne sens et valeur à l'existence.

Rien n'est accompli ; pas même Dieu qui se construit à travers le Réel en marche. Tout est en voie d'accomplissement … à la condition de renoncer à toute Souffrance passive, à se retrousser les manches et à perpétuellement construire la Vie et l'Esprit.

 

Marc Halévy

Physicien, philosophe et prospectiviste

Le 02/11/2021