Tisserand de la compréhension du devenir
Conférencier, expert et auteur

Se libérer des esclavages et idolâtries

Se libérer de toutes les représentations imaginaires d'un monde autre, d'une vie autre, d'un soi-même autre … et revenir, pour l'assumer, au monde réel, à la vie réelle, au soi réel, au Réel !

Qu'est-ce qu'un esclavage ?

Une contrainte forte ou une servitude "volontaire" que l'on s'impose pour des raisons souvent obscures, mais toujours extérieures à soi. Un esclavage, au sens personnel et philosophique comme entendu ici, est donc lié à une croyance nocive en un "tu dois !". Car il faut bien comprendre la nocivité qui se cache derrière toutes ces servitudes volontaires que l'on s'impose. Il ne s'agit pas d'une discipline ou ascèse constructives et positives. Les servitudes volontaires sont à l'inverse de cela : elles sont destructives et négatives. On se force à faire du "contre-nature", du "contre-vocation", du "contre-accomplissement". Et la raison en est la croyance en un "devoir" contre soi, la croyance en une obligation d'abnégation. Je le répète, il ne s'agit pas d'une ascèse librement consentie et choisie en une certaine abnégation ou un certain sens du devoir. Il s'agit, dans les cas d'esclavage, de subir la croyance plutôt que de la choisir.

Qu'est-ce que l'idolâtrie ?

Tout esclavage personnel est une idolâtrie. L'idolâtrie est une sorte d'esclavage généralisé, un esclavage à des croyances, quelles que soient celle-ci. Être idolâtre, c'est mettre son existence, dans toutes ses dimensions (pensée, parole, action), au service de fantasmes, de caprices, de pseudo-valeurs, de pseudo-idéaux, bref : au service d'idoles que l'on adore servilement.

Une idole relève de l'imaginaire ; c'est une image que l'on se forge et qui symbolise ce que l'on veut vénérer soit pour favoriser un désir, soit pour exorciser une peur.

L'idole représente le dieu qui nous gouverne ; un dieu profane, le plus souvent ; un dieu qui peut prendre beaucoup de forme et correspondre à diverses dimensions de nos personnes ou de nos existences.La Pâque juive se nomme, en hébreu, Pessa'h, dérivation du verbe Passa'h qui signifie "enjamber, passer de l'autre côté". ce nom pointe les versets bibliques narrant le passage de la mer de joncs et, donc, la séparation définitive d'avec l'Egypte, le pays des bornes (Mitzraïm en hébreu) qui fut la "maison de l'esclavage".

 

La Pâque, c'est passer de l'autre côté, c'est quitter définitivement l'esclavage et l'idolâtrie. C'est se libérer de toutes les idoles.

Ce stade de la Libération est absolument indispensable avant de pouvoir atteindre le stade de la Révélation (le don de la Torah en haut de la montagne du désert de Sin), qui précède le stade de la Purification ou de la Sacralisation (les quarante années d'errance dans le désert) menant à la réalisation de la Promesse.

Se libérer de toutes les idoles … c'est se libérer de l'Imaginaire et retrouver le Réel, qu'il faut accepter et assumer tel qu'il est et tel qu'il va.

Se libérer de l'Imaginaire et de toutes ses fantasmagories, de toutes les illusions, de toutes les rêvasseries, de toutes les idéalisations, de tous les idéaux et de tous les idéalismes. Idole et idéal sont un seul et même mot dérivé de la même racine grecque : eidos qui signifie "forme", "image".

Se libérer de toutes les représentations imaginaires d'un monde autre, d'une vie autre, d'un soi-même autre … et revenir, pour l'assumer, au monde réel, à la vie réelle, au soi réel, au Réel !

Marc Halévy

Pessa'h, le 09/04/2020